Imaginez un instant un Internet dans le quel tout ce que vous postez soit toujours disponible même si votre ordi est cassé, même si vous effacez accidentellement la donnée locale.
Imaginez qu’il soit disponible tout le temps, de n’importe quel quel endroit et à partir de n’importe quel appareil (PC, smartphone, tablette…)
Bon, ça va … ce n’est rien de nouveau, vous me direz: c’est déjà le cas dans mon google drive.
Oui mais imaginez maintenant que…
…ce contenu soit inaccessible à n’importe quel serveur et à des tiers (même s’ils sont des institutions gouvernementales), qu’il soit inaccessible aux pirates, aux hackers, aux espions et à tout sorte d’autres curieux.
Supposons aussi que ce contenu soit sécurisé par cryptographie asymétrique, ce qui me permet de choisir le type d’accès pour chacun de mes posts (privés ou publics) et que sa lecture soit disponible ad-vitam- aeternam en peer-2-peer sans que je ne stocke rien localement.
Cerise sur le gâteau, imaginez qu’un fois effectué le log-out il ne reste plus aucune trace de votre passage sur le net, aussi petite soit elle.
Tout ça, rien que ça, c’est la promesse de MaidSafe: vos données sur le bout des vos doigts (et seulement de vos doigts) anytime, anywhere.
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Si MaidSafe utilise une technologie peer-2-peer elle n’est pas une app blockchain à proprement parler. Elle n’a pas un registre public à entretenir dont les insertions seraient à valider par une preuve de consensus quelconque.
MaidSafe est un (autre) changement de paradigme qui ouvre une myriade de possibilités connexes. Pour peu que MaidSafe arrive à s’imposer comme le nouveau Internet décentralisé, nos enfants n’auront plus à se soucier (ni à apprendre) des concepts tels que backup, device sync, virus, VPN, droit à l’oubli …
Avec MaidSafe, toutes nos données seraient encore sous notre contrôle exclusif. Le noeud de la question est le suivant: tant qu’on a un seul fournisseurs de contenu qui stocke sur une infrastructure centrale, il y a un failure point et nos données restent sous la menace d’être lues, vendues, effacées, corrompues, piratées… C’est le cas avec l’Internet centralisé. Il est clair que les grands acteurs du net ont les moyens de nous faire croire leurs données virtuellement sures à gros coups de RAID, duplications et sauvegardes, mais en théorie le point de failure reste parce qu’il est intrinsèquement lié à l’architecture.
Pour les raisons que nous allons exposer, dans MaidSafe les données ne sont jamais vulnérables. Par construction.
Au lieu de tourner sur des serveurs gérés par des tiers MaidSAFE n’a pas d’autorité centrale. Sa plate-forme de stockage et de communication de données sécurisées appartient aux utilisateurs et n’est contrôlée par personne d’autre que son protocole (tout comme le bitcoin).
C’est pourquoi l’acronyme SAFE signifie: Secure Access For Everyone.
Comment ça marche
Quiconque possède un ordinateur peut se joindre au réseau en installant le logiciel MaidSafe et en créant un compte gratuitement.
Lorsque un utilisateur veut stocker un fichier dans le réseau, le soft client fragmente le document, le crypte et le distribue aléatoirement aux autres clients p-2-p, à l’aide de la clé privée. De son coté chaque membre sauvegarde un fragment dans sa vault (une zone coffre fort de son espace disque).
Le client SAFE crypte et distribue automatiquement en p-2-p les contenus et les services du réseau de manière qu’il ne puissent ni se perdre ni être altérés. Aucune informations personnelle n’est partagée avec le réseau à moins que l’utilisateur ne définisse explicitement certaines infos comme publiques.
La personne qui met à disposition une vault pour les autres membres ne pourra jamais:
- lire ou accéder aux contenu interne des données (on voit juste l’enveloppe cryptographique externe).
- savoir à qui il est en train de rendre le service (à moins que le client n’ait pas explicitement défini ces information publiques)
- modifier les règles du protocole pour faire faire à MaidSAFE autre chose que ce qui est prévu par son protocole OpenSource, conventionnellement acceptée par tout le monde.
En plus du fait que les vaults sont indépendantes, autonomes et décorrélees entre elles, il n’est pas possible d’identifier quels morceaux il faut rassembler pour reconstituer un fichier en entier si on ne possède pas la clé privée du propriétaire du fichier.
Lorsque un utilisateur veut récupérer un fichier il fait une requête en la signant de sa clé privée. Le réseau se charge alors de recomposer les fragments pour lui livrer le contenu en entier.
Notez que cela signifie qu’il n’y a aucun mécanisme de synchronisation pour l’accès aux données, quel qu’il soit l’appareil à partir duquel on se connecte.
A la récupération d’un fichier le protocole paye des safecoins aux membres qui stockent les fragments. Toutefois ce paiement n’a pas lieu systématiquement mais selon une loi aléatoire, où le fournisseur de ressources (farmer) est récompensé au hasard, selon une loi statistique.
Le réseau MaidSAFE se charge de verser automatiquement les safecoins dans l’adresse de portefeuille du farmer, il y en a forcement un cryptographiquement lié à chaque vault. Le montant de safecoin qu’un utilisateur peut gagner est directement liée à la quantité et la qualité de ressources qu’il fournit mais aussi à temps pendant le quel elles restent disponible sans coupures.
Les nouveaux participants qui rejoignent le réseau fournissent chacun des ressources supplémentaires, soit directement, soit en payant d’autres membres pour fournir les ressources exigées. Cela signifie que à fur et à mesure que le réseau grandit, sa capacité de stockage (Térabytes totales) et de gérer des données (CPU totale) augmentent. Contrairement aux architectures centralisés MaidSafe gagne en puissance, fluidité et vitesse en accueillant des nouveaux membres.
Safecoin: la monnaie de MaidSAFE
Si MaidSafe n’est pâs une application blockchain-based, elle utilise quand même sa propre cryptomonnaie (jeton): le safecoin.
Nous constatons tous de quelle manière le bitcoin devient (en dépit de ses quelques faiblesses) de plus en plus la référence dans le monde des cryptomonnaies. Toutefois le bitcoin ce n’est qu’une des très nombreuses possibilité d’utilisation appliquée à un domaine spécifique: les payements. Il existe d’autres monnaies qui visent à devenir l’étalon globale dans d’autres domaines.
Nous avons parlé ici de La’Zooz: le jeton mobilité construit sur la blockchain du bitcoin, qui vise à s’affirmer comme la référence du marché communautaire du covoiturage. Dans l’article sur la Zooz, nous avons expliqué que ne pouvant pas supporter une PoW sur des smartphones mobiles, elle avait customisé sa preuve de travail en la transformant en preuve de mouvement: lorsque votre GPS dit que vous bougez à un vitesse assez importante (> 20km/h) vous gagnez de jetons zooz.
Le safecoin lui aussi offre un nouvel algorithme: la preuve de ressource.
Plus vous laissez vos ressources connectées à l’appli à disposition des autres membres, de manière constante et fiable, plus vous gagnez de safecoins.
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Bitcoin = preuve de travail
La’Zooz = preuve de mouvement
Bitcoin = preuve de travail
La’Zooz = preuve de mouvement
Maidsafe = preuve de ressource
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Le safecoin peut être vu comme l’essence qui fait tourner le moteur SAFE, l’entité qui assure que tous les utilisateurs du réseau sont récompensés au pro-rata des ressources qu’il mettent à disposition.
Ces ressource sont :
- l’espace disque,
- la CPU,
- la largeur de bande passante internet
- le temps on-line prendant lequel les morceaux données cryptés de sont stockés ou reécupéres.
Le processus de mettre ses ressource en partage pour recevoir des safecoins en retour est appelé Farming, en opposition au mining du bitcoin ou au moving de La’Zooz (je ne sais pas si ça existe le terme moving mais entre nous ça rend l’idée 😉 ).
Où en est-on ?
Les éditeurs de contenu sont parmi les acteurs économiques les plus intrigués par le chiffrage continu des services dans MaidSafe. Ils espèrent un renversement de tendance dans la possibilité de protéger technologiquement leurs oeuvres (vidéo, musique, livres…).
Toutefois ils devront attendre encore un peu: l’équipe MaidSafe viens de publier l’état de lieux de l’avancement du projet.
Voici une capture d’écran du client Windows:
Voici une capture d’écran de ce à quoi devrait ressembler l’interface
De ce document, qui date du 4 février 2016, il faut retenir la conclusion:
« Au cours des prochaines semaines on devrait sortir un (MVP) Produit Viable Minimal, disponible publiquement pour être testé. Nous devrions commencer à voir que nos applications développées en interne tournent à la suite de quoi on prévoit de commencer un nouvelle tache de développement pour mettre Safecoin en réseau. »
SafePress, le future WordPress ?
Pour donner la mesure du caractère disrupting que ce type d’application est en train d’apporter, le mot de la fin c’est pour le projet SafePress.
Il s’agit d’une application OpenSource, calquée sur WordPress, qui vise à permettre de développer en quelques clic de sites web et de blogs décentralisés, dans lesquels la totalité du contenu est hébergé dans le réseau MaidSafe.
Merci pour cet article