Liberland: 7 km2 à dormir debout (45° 46′ N, 18° 52′ E)

Les coordonnées GPS 45° 46′ N, 18° 52′ E ne vous parlent sans doute pas. Si maintenant on vous dit qu’elles ont un lien très étroit avec la blockchain, la chose doit vous paraitre encore plus mystérieuse. Et pourtant elles localisent le premier Etat au monde entièrement géré par une blockchain : Liberland. Ou plutôt dans la République Libre de Liberland.

Rassurez vous, ce n’est pas un canular, nous ne sommes pas à Groland

Moustic en bigoudène dans le premier numéro de «Groland» sous l'ère Bolloré, le 24 octobre 2015.

Il s’agit là d’une vraie nation (seulement blockchain-backed) qui a tout pour aller de pair avec les autres pays du monde.

  • Une surface de 7 km2  (3.5 fois plus grand que Monaco)
  • Un drapeau national
  • Un blason de l’armée
  • Une langue nationale: l’anglais
  • Un président: Vít Jedlička
  • Une forme de gouvernement officielle: république constitutionnelle avec des éléments de démocratie directe
  • Une constitution  (encore en draft version)
  • Un code civil
  • Et aussi la devise citoyenne: to live and let live

La république Libre de Liberland est un tout petit état et toutefois souverain. Il se situé entre la Croatie et la Serbie délimités à l’Est par la rivière du Danube qui sépare naturellement les deux Etats. Les villes les plus proches sont Zmajevac (en Croatie) et Backi Monostor (dans la Province Autonome de Vojvodina, en Serbie). Sur certaines cartes, cette zone est mentionnée comme Gornja Siga.  

Liberland a vu le jour en raison d’un différent sur une question de frontières entre la Croatie et la Serbie. Cette petite zone le long de la rivière de Danube n’a été revendiquée ni par la Croatie, ni par la Serbie. Cette zone était considérée donc un terra nullius, ou un no man’s land, jusqu’à ce que Vít Jedlicka saisisse l’occasion le 13 avril 2015 de former un nouvel état dans ce territoire, Liberland était née. La frontière a été définie afin de ne pas interférer avec le territoire de la Croatie ou la Serbie. Sa zone totale d’approximativement 7 km ² est maintenant le troisième plus petit état souverain, après le Vatican et le Monaco. Pour plus d’informations quant au différend sur une question de frontières entre la Croatie et la Serbie voir cet article Wikipédia.

La devise de Liberland est « vivre et laisser vivre » car Liberland s’engage à promouvoir la liberté personnelle et économique de la population. Tout cela est garanti par la Constitution, ce qui limite significativement le pouvoir des politiciens qui ne peuvent plus intervenir pour restreindre à leur gré les libertés des citoyens de Liberland.

Depuis sa naissance, Liberland a reçu un demi-million de demandes de citoyenneté, dont 100 000 du Moyen-Orient et 18 000 des Etats-Unis. Il existe cependant des restrictions d’admission pour les réfugiés, faute de territoire pour les accueillir. Sinon, il suffit de débourser l’équivalent de 5 000 dollars ou bien de militer pour la cause. Quelque 150 000 personnes sont actuellement éligibles.

L’année dernière, Liberland tournait grâce à un budget de 250 000 dollars, fruit de la libéralité des donateurs, parmi lesquels des entrepreneurs des nouvelles technologies et d’une spéculation sur la hausse du Bitcoin. Avec cet argent, la micronation achète des bateaux, investit à Apatin et assure des frais de représentation à son président qui parcourt la planète pour vendre la cause liberlandienne. Ses modèles : Monaco, Hongkong, Singapour.

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Liberland est le seul pays du monde à utiliser du bitcoin comme réserve de valeur officielle et à placer la technologie blockchain au centre de son développement. Ainsi, au cours de l’année 2019, Liberland a lancé 1 million de token nommé « Merit » (LLM) et échangeable sur la plateforme Altilly. Il fut construit sur la chaîne Bitcoin Cash et a été émis à l’aide du protocole SLP (Simple Ledger Protocol) le 11 mars. Au 19 Avril 2019, la capitalisation du token est de $972,792 pour prix unitaire de $0,97279. 

Liberland prévoit également un « système de justice totalement décentralisé, ainsi qu’un gouvernement autonome ». Les prélèvements d’impôts se feraient sur la base du volontariat, plus le citoyen accepte de payer d’impôts et taxes, plus il contribue au développement du pays, plus il accumule de pouvoir décisionnel, et donc de pouvoir de vote.

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Selon la Convention de Montevideo de 1933 sur les droits et les devoirs d’un Etat, un Etat souverain doit «être peuplé en permanence, contrôler un territoire défini, être doté d’un gouvernement et être apte à entrer en relation avec les autres Etats». Malgré son organisation, Liberland est donc confinée à une micronation virtuelle.

Si les perspectives à court terme de Liberland sont intéressantes au niveau du développement du token, et de la possibilité qu’il devienne le tout premier PoC (proof of concept) ; il reste néanmoins un état virtuel, non reconnu par la communauté internationale.

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